10.3.06

Laurence fête la journée de la femme à sa façon

Elle vient de descendre un peu plus dans mon estime. Bien la peine de se prétendre libérale pour se plier au collectivisme islamique et approuver par l'exemple les mesures de sujétion des femmes qui sévissent là-bas. D'autant plus qu'en situation officielle une telle obligation ne s'impose pas pour les étrangères au royaume wahhabite.


Ryad (Arabie Saoudite), samedi. Laurence Parisot, la présidente du Medef, s'est pliée au rituel du pays en portant la traditionnelle abaya et un voile autour de la tête. (AFP/Patrick Kovarik)

Rappelons quand même le point de vue libertarien sur un tel sujet, pour ceux qui feraient usage de l'argument propriétariste habituel mal à propos.

Le propriétaire d'un endroit a le droit de vous imposer un "dress code" auquel vous devez vous conformer si vous vous trouvez chez lui. Faut-il en conclure que l'Arabie saoudite a raison d'imposer le port du voile, ou de divers vêtements plus ou moins seyants, aux femmes, étrangères non musulmanes comprises ?

Non, car ce serait valider implicitement la doctrine de la souveraineté de l'Etat sur les individus, ce qu'un libertarien ne peut accepter, la seule souveraineté qu'il reconnaît étant individuelle (droit naturel de l'individu). Notons au passage que nos amis libéraux-conservateurs, qui, eux, reconnaissent la souveraineté de l'Etat, sont davantage gênés aux entournures pour critiquer la docile obéissance des femmes en pays musulman.

Donc Laurence Parisot, qui a peut-être fait sa première communion comme vous et moi, a eu tort de se montrer affublée de vêtements qui ne lui vont pas du tout, d'une part, et qui d'autre part ne correspondent en rien à sa culture ni à ses origines. D'autant plus qu'il était facile pour elle de déléguer quelqu'un d'autre, un homme par exemple, pour aller faire à sa place son petit lobbying franchouillard en terre moyen-orientale...
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Mise à jour : d'après cet article, il paraît que Bernadette aussi avait revêtu l'abaya. Ah, elle est belle, la France, fille ainée de la laïcité !
 

4 commentaires:

Projet Excellence a dit...

Chère laure,

Je suis votre Blog depuis le début et j'adhère complétement au combat que vous menez.
Venant d'une adepte de la liberté individuelle, je dois vous dire que votre message auquel je réponds est inquiétant.
Selon votre définition du libertarien, la seule souveraineté qu'il reconnait est la souveraineté de l'individu. Que faites vous de la décision souveraine de Mme PARISOT de porter le voile ?
Pourquoi ne voyez vous pas en l'attitude de Mme PARIZOT une volonté individuelle ? pourquoi voyez vous la seule obéissance à un Etat ?

Je dois vous dire que votre message à un caractère idéologique pénible. Vous vous êtes enfermée dans la logique et la mécanique de l'idée libertarienne en oubliant l'essentiel, comme toujours quand l'idéologie est en marche, l'Homme.

Albert CAMUS demandait aux lecteurs du mythe de Sisyphe (personnage condamné par les dieux à rouler éternellement une énorme boule de pierre jusqu'en haut d'une colline sachant que celle-ci redescendrait inexorablement) de supposer Sisyphe heureux.

Ne peut-on pas supposer Laurence PARIZOT heureuse et parfaitement consciente de son acte ?

Toussaintl, animateur du blog "l'esprit d'une nation" toussaintl.blogspot.com

Laure Allibert a dit...

Certes, on va supposer Laurence heureuse... Et aussi toutes les saoudiennes, heureuses de se conformer à cette pratique que nous, femmes occidentales, jugeons avilissante... Et pour elles, pensez-vous que ce soit une pratique "volontaire" ? Tellement "volontaire" que l'oubli de l'abaya est sévèrement puni. Bizarre qu'il faille punir les entorses à une pratique "volontaire"...

Projet Excellence a dit...

Le port du voile de L PARIZOT est une chose et la condition de la femme saoudienne en est une autre.
Je suis d'accord avec vous pour dénoncer l'asservissement des femmes en Arabie Saoudite. Elles ne sont évidemment pas volontaires, où plutôt elles n'ont pas vraiment le choix d'exprimer leur volonté (analphabétisme, sous éducation, privation de paroles et d'actes, coutumes ancestrales, ...).
Laurence PARIZOT, elle, est pleinement consciente d'elle même et épanouie. Dans ce cas là, sachant qu'elle avait le choix de le porter ou pas, son acte relève de sa pleine liberté individuelle.

Laure Allibert a dit...

"Son acte relève de sa pleine liberté individuelle" : tout à fait. Elle a le droit de porter la même tenue que les esclaves, et moi j'ai le droit de penser qu'elle a eu tort !